Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/152

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on dorerait moins de dômes, on élèverait moins de colonnes superbes ; mais à leur place on aurait des édifices pleins de bien-être, d’aisance et de félicité ; on récolterait les expressions d’une vive gratitude, au lieu de la chair des sangliers ; on verrait la prospérité publique fondée sur sa base la plus sûre, le bonheur privé. Une chose montre que le duc ne manquait pas de mérite comme fermier, c’est une belle vacherie : une plate-forme centrale règne entre deux rangs de mangeoires pour 78 bêtes, une autre étable en contient un peu moins, une troisième est destinée aux veaux. Il importa 120 vaches suisses très belles, qu’il montrait tous les jours à sa société, car elles ne sortaient jamais. J’ajouterai à cela la bergerie, la mieux construite que j’aie vue en France, et il me semble avoir aperçu de la pagode une partie de la ferme mieux traitée et labourée que dans le pays ; il aura donc amené probablement des laboureurs étrangers. Il y a du mérite en cela, mais grande part en revient à l’exil. Chanteloup n’eût jamais été ni bâti, ni arrangé, ni meublé, si le duc fût resté à Versailles. Il en a été de même avec le duc d’Aiguillon. Les ministres eussent envoyé le pays à tous les diables, avant d’avoir élevé de tels édifices ou formé de tels établissements, si on ne les avait chassés de la cour. Visité, à Amboise, les aciéries fondées par le duc de Choiseul. La vigne est la principale culture. — 37 milles.

Le 11. — Blois, vieille ville dans une jolie situation sur la Loire, beau pont de pierre de onze arches. On visite le château, les souvenirs historiques qu’il renferme l’ayant rendu fameux. On nous fit voir la salle du conseil et la cheminée devant laquelle se tenait le duc de Guise quand un page du roi vint lui dire de se