Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/156

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Le 13. — Ici mes compagnons, pressés d’arriver aussitôt que possible à Paris, ont pris la route directe ; comme je l’avais déjà parcourue, j’ai préféré celle de Fontainebleau par Petivier (Pithiviers). Un de mes motifs pour cette résolution était de voir Denainvilliers, résidence de feu le célèbre M. du Hamel, le lieu des expériences d’agriculture, qu’il a rapportées dans plusieurs de ses ouvrages. Étant tout près à Petivier, j’y allai à pied pour le plaisir de parcourir des terres dont j’avais si souvent entendu parler, les regardant avec une sorte de vénération classique. Son homme d’affaires, qui conduisait la ferme, étant mort, je ne pus recueillir beaucoup de renseignements sur lesquels on pût se fier. Il en eût été autrement si M. Fougeroux, le propriétaire actuel, ne s’était trouvé absent. J’examinai le sol, point capital dans toutes les expériences dont il y a des conclusions à tirer ; je pris aussi quelques notes d’agriculture usuelle. Ayant appris, de l’ouvrier qui me guidait, que les instruments en usage, du temps de M. du Hamel, existaient encore dans un grenier, j’allai avec plaisir les voir, et je trouvai, autant que je me le rappelle, qu’ils avaient été parfaitement représentés dans les planches qui en ont été données par leur ingénieux auteur. Je fus satisfait de les voir mis en réserve jusqu’à ce qu’un autre fermier voyageur, aussi enthousiaste que moi-même, contemple les vénérables reliques d’un génie bienfaisant. Il y a un poèle et une étuve à sécher les grains, également décrits par lui ; dans une haie derrière la maison, une collection d’arbres exotiques très curieux, en bon état, et le long des chemins, près du château, plusieurs avenues de frênes, d’ormes et de peupliers ont été plantées par M. du Hamel. J’éprouvai un plaisir encore plus grand de trouver que Denainvilliers n’était pas un domaine