Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/159

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bancs de verdure et tonnelles. Le site est très heureux. Des sentiers ornés suivent le bord des pentes, pendant trois ou quatre milles, Les vues qu’ils offrent sont agréables, dans quelques endroits elles ont de la grandeur. Près du château, la duchesse a fait construire une ménagerie et une laiterie d’un goût charmant, Le boudoir et l’antichambre sont fort jolis, le salon élégant ; la laiterie elle-même est tout en marbre. Dans un village près de Liancourt, le duc a fondé une manufacture de toiles et de tissus mêlés, fil et coton, qui promet de rendre de grands services ; on y compte 25 métiers, et on se prépare à en monter d’autres. La filature pour ces métiers emploie un grand nombre de bras, qui autrement seraient inoccupés ; car, bien que la contrée soit populeuse, il n’y a aucune espèce de manufactures. De tels efforts méritent d’être loués hautement. À ceci se rattache un excellent projet du duc pour donner à la génération nouvelle des habitudes d’industrie. Les filles pauvres sont reçues dans une institution où on leur apprend un métier : on leur enseigne la religion, la lecture, l’écriture et le filage du coton ; elles y restent jusqu’à l’âge de se marier, et on leur donne alors pour dot une portion déterminée de leurs gains. Il y a aussi un autre établissement (pour lequel je me récuse) destiné à former les orphelins de l’armée à être soldats. Le duc a élevé pour eux de grands bâtiments parfaitement aménagés. Le tout est dirigé par un digne et intelligent officier, M. Leroux, capitaine de dragons et croix de Saint-Louis, qui surveille tout lui-même. Le nombre des enfants est maintenant de 120, tous en uniforme. Mes idées ont maintenant pris une tournure que je suis trop vieux pour changer : j’aurais mieux aimé voir 120 garçons élevés à la charrue, dans des principes meilleurs