Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui regarde les moutons dont un troupeau est gardé pour démonstration. Il y a une vaste salle, bien aménagée pour la dissection des chevaux et autres animaux ; un grand cabinet où sont conservées dans l’esprit-de-vin les parties les plus intéressantes de leur corps et aussi celles qui montrent l’effet des maladies. C’est une grande richesse. Cet établissement et un autre semblable près de Lyon ne demandent (sauf les additions de 1783) que la somme modérée de 60,000 livres (2,600 liv. st.), comme il résulte des écrits de M. de Necker ; d’où il paraîtrait (comme dans beaucoup d’autres cas) que ce qui est le plus utile est aussi ce qui coûte le moins. On y compte à présent cent élèves de toutes les provinces de France comme de tous les pays de l’Europe, excepté l’Angleterre, étrange exception quand on voit la grossière ignorance de nos vétérinaires, et que tous les frais pour entretenir un jeune homme ici ne sont que de 100 louis par an pendant les quatre années que dure le cours. Quant à la ferme, elle est sous la direction d’un grand naturaliste, haut placé dans les académies, et dont le nom est célèbre par toute l’Europe pour son mérite dans les branches supérieures de la science. Attendre une pratique sûre de telles gens dénoterait en moi bien peu de connaissance de la nature humaine. Ils croiraient probablement au-dessous d’eux et de leur position dans le monde d’être bons laboureurs, bons sarcleurs de navets, bons bergers ; je trahirais par conséquent mon ignorance de la vie, si j’exprimais la moindre surprise d’avoir trouvé cette ferme dans un tel état, que j’aime mieux l’oublier que la décrire. Vu le soir un champ cultivé avec beaucoup plus de succès, mademoiselle Saint-Huberti dans la Pénélope de Piccini.

Le 20. — J’ai été à l’École militaire, établie par