Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/182

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de n’être pas touché de cet abandon négligent, de cette absence de tout soupçon. On aime le maître de maison qui ne se sent pas blessé de voir, en arrivant à l’improviste, son appartement ainsi occupé ; s’il en était autrement, tout accès serait bien défendu. C’est encore là un trait de ce bon naturel qui me semble si visible partout en France. Je désirais voir l’appartement de la reine, mais on ne me le permit pas. « Sa Majesté y est-elle ? — Non. — Alors pourquoi ne pas le visiter aussi bien que celui du roi ? – Ma foi, monsieur, c’est une autre chose ! » Parcouru les jardins ainsi que les bords du grand canal, m’étonnant profondément des exagérations des écrivains et des voyageurs. On trouve de la magnificence du côté de l’Orangerie, mais nulle part de la beauté ; seulement quelques statues ont assez de mérite pour qu’on souhaite de les voir à l’abri. Comme dimension, le canal ne dit rien aux yeux, et il n’est pas en si bon état qu’un abreuvoir de ferme. La ménagerie est bien, mais n’a rien de grand. Que ceux qui veulent conserver des créations de Louis XIV l’impression qu’ils ont prise dans les écrits de Voltaire aillent voir le canal du Languedoc, et non Versailles. — 14 milles.

Le 24. — Visité, en compagnie de M. de Broussonnet, le cabinet royal d’histoire naturelle et le jardin botanique, qui est arrangé dans un très bel ordre. Ses richesses sont bien connues, et la politesse de M. Thouin, effet de son aimable caractère, donne à ce jardin des charmes qui ne viennent pas seulement de la botanique. Dîné aux Invalides avec M. de Parmentier, le célèbre auteur de tant d’écrits économiques, surtout sur la boulangerie de France. À une quantité considérable de connaissances usuelles, il joint beaucoup