Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/193

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nous, où on les élèverait bien ? La campagne se montre plus à son avantage du clocher de Saint-Bertin. — 25 milles.

Le 7. — Le canal de Saint-Omer s’élève par une suite d’écluses. Aire, Lillers, Béthune, villes bien connues dans l’histoire militaire. — 25 milles.

Le 8. — Le pays change : ce n’est qu’une plaine, admirable chemin sablé de Béthune, jusqu’à Arras. Rien dans cette dernière ville, si ce n’est la grande et riche abbaye du Var, qu’on ne voulut pas me laisser voir : ce n’était pas le jour ou quelque prétexte aussi frivole. La cathédrale n’est rien. — 17 milles 1/2.

Le 9. — Jour de marché ; en sortant de la ville, j’ai rencontré une centaine d’ânes au moins, chargés les uns d’une besace, les autres, d’un sac, mais en général de toutes choses peu pesantes en apparence ; la route fourmillait d’hommes et de femmes. C’est véritablement un marché abondamment pourvu, mais une grande partie du travail du pays se perd, au temps de la moisson, pour fournir aux besoins d’une ville qui, en Angleterre, serait nourrie par la quarantième partie de ce monde. Toutes les fois que je vois bourdonner cet essaim d’oisifs dans un marché, j’en infère, une mauvaise et trop grande division de la propriété. Ici, mon seul compagnon de voyage, ma jument anglaise, me révèle par son œil un secret, non des plus agréables : elle se fait aveugle et le sera bientôt. Elle a la fluxion périodique, mais notre imbécile de vétérinaire à Bradfield m’avait assuré qu’elle en avait encore pour plus d’un an. Il faut convenir que voilà une de ces agréables situations dans lesquelles peu de personnes croiront