Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’intendant du propriétaire. Tandis que ce remplaçant faisait fortune, Young se laissait persuader par son contremaître de louer à North Mims (Hertfordshire) environ 40 hectares « d’un gravier vitrïolique insatiable. » Une saison extraordinairement favorable, une charmante habitation pour laquelle le propriétaire avait bien dépensé 25, 000 fr., alors que les autres petites exploitations n’offraient que des bouges, et peut-être bien aussi le voisinage de Londres, le décidèrent à se jeter dans ce qu’il appelle la gueule du loup. Il y passa tout un bail menant une vie de porte-faix. Engagé par le journal le Morning Post, il partait pour Londres le lundi pour n’en revenir que le samedi, faisant à pied les 27 kilomètres qui le séparent de North-Mims.

Ainsi : ignorance et présomption au début ; manque de capitaux plus tard ; enfin, pour conclure, absence et préoccupations littéraires et politiques ; telles sont les causes qui ont conduit à un échec les tentatives d’Young. Oui, certes, l’esprit de conduite lui a manqué, il a échoué là où réussissent des mille et des centaines de mille de cultivateurs, mais cette inquiétude, cet enthousiasme qui se jetaient à la traverse de ses spéculations les mieux imaginées ont produit et pour lui et pour le monde agricole des œuvres d’une portée bien autre que l’exemple d’une magnifique fortune.

Au moment où, sortant de Sampford Hall, il cherchait une autre exploitation, il provoqua des offres en faisant des annonces ; après avoir parcouru à cette occasion le pays où il désirait se fixer, l’idée lui vint de faire un ensemble des examens auxquels il venait de se livrer et, en les généralisant, de présenter le tableau complet de toute une région agricole. De là provient le Tour de six semaines à travers le sud de l’Angleterre. Le public accueillit avec grande faveur un ouvrage différent de ce qu’il connaissait