Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’ordre de ne laisser pénétrer qui que ce fût, Français ou étranger, était trop strict pour qu’on osât l’enfreindre, à moins que sur un avis exprès du ministre de la marine, rarement donné, et auquel on n’obéit qu’à contre-cœur. M. Tredairne me dit que cependant lord Pembroke l’avait visité, il y avait peu de temps, en vertu d’une telle dépêche ; et lui-même fit la remarque, voyant bien qu’elle ne m’échapperait pas, qu’il était singulier de montrer ce port à un général anglais, gouverneur de Portsmouth, pour en refuser la vue à un fermier. Il m’assura cependant que le duc de Chartres n’avait pas été plus heureux ces jours passés. La musique de Grétry, qui, sans avoir de largeur, est franche et même élégante, n’était pas de nature à me mettre de bonne humeur ; le théâtre donnait Panurge. Brest est une ville bien bâtie, à belles rues régulières, et le quai, avec ses vaisseaux de ligne et ses autres navires, a beaucoup de cette vie et de ce mouvement qui animent les ports de mer.

Le 12. — Retourné à Landerneau. Le maître du Duc-de-Chartres, la meilleure auberge et la plus propre de l’évêché, vint me dire qu’il y avait là un monsieur, un homme comme il faut, et que le dîner serait meilleur si nous le prenions ensemble : De tout mon cœur. C’était un noble Bas-Breton, avec une épée et un misérable petit bidet très agile. Ce seigneur ignorait que le duc de Chartres de l’autre jour fût autre que celui qui était dans la flotte de M. d’Orvilliers. Pris la route de Nantes. — 25 milles.

Le 13. — Pays plus accidenté jusqu’à Châteaulin ; le tiers en est inculte. Région bien inférieure au Léon et à Tréguier ; aucun effort, aucune marque d’intelligence ;