Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/215

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mit considérablement à l’aise. La ville est moderne et régulière ; les rues partent en divergeant de la porte, et sont coupées à angle droit par d’autres, larges, bien bâties et bien pavées : beaucoup de maisons ont vraiment bon air. Mais ce qui fait l’importance de Lorient, c’est l’entrepôt du commerce des Indes, qui renferme les navires et les magasins de la Compagnie. Ces derniers sont réellement grandioses, et annoncent la royale munificence dont ils tirent leur origine. Ils ont plusieurs étages, sont construits en voûte, d’un grand style et d’une immense étendue. Mais il leur manque, au moins à présent, comme à tant d’autres superbes établissements en France, la vigueur et le mouvement d’un commerce actif. Les affaires ici semblent insignifiantes. Trois vaisseaux de quatre-vingt-quatre, le Tourville, l’Éole et le Jean-Bart, et une frégate de trente-deux sont en chantier. On m’assura qu’il n’avait fallu que neuf mois pour la construction du Tourville. Le port a de la vie ; quinze vaisseaux de ligne stationnés ici à l’ordinaire, quelques navires de la Compagnie des Indes et d’autres marchands, en font un agréable tableau. Une belle tour ronde en pierre blanche, de cent pieds de haut, légère et gracieuse dans ses proportions, et portant une balustrade au sommet, sert aux vigies et aux signaux. Mon hôte est un homme simple et franc, avec quelques idées originales qui lui donnaient plus d’intérêt ; il a une charmante fille, qui me distrait par son chant, qu’elle accompagne sur la harpe. Le lendemain matin, le Tourville descendit à flot au bruit de la musique des régiments et des acclamations de milliers de spectateurs. Quitté Lorient, arrivé à Hennebont. — 7 1/2 milles.

Le 17. — Traversé, en allant à Auray, les dix-huit milles