Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/218

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que la liberté civile donne à la propriété ; que, par conséquent, sa situation était pauvre en regard de ce qu’elle eût été, si on lui avait donné les mêmes secours qu’au commerce et à l’industrie. J’avouai à M. de La Bourdonnaye que sa province ne me semblait rien avoir que des privilèges et de la misère. Il sourit, me donna quelques explications importantes ; mais jamais noble n’approfondira cette question comme elle le devrait être, car c’est à lui que sont départis ces privilèges ; au peuple la pauvreté. Il me fit voir des plantations très belles et très florissantes qui l’abritent complètement de chaque côté, même du sud-ouest, quoique si près de la mer. De son jardin on voit Belle-Isle et les autres, et un petit roc qui lui appartient. Il me dit que le roi d’Angleterre le lui prit après la victoire de sir Edw. Hawkes, mais que Sa Majesté voulut bien le lui laisser après une nuit de possession. — 20 milles.

Le 20. — J’ai pris congé de M. et de madame de La Bourdonnaye, très charmé de leur courtoisie et de leurs amicales attentions. Des collines près de Saint-Nazaire on a une belle vue de l’embouchure de la Loire ; mais des rives trop basses lui enlèvent l’air de grandeur que des promontoires élevés donnent au Shannon. À droite, à l’infini, se gonfle le sein de l’Atlantique. Savinal (Savenay) est le séjour de la misère. — 33 milles.

Le 21. — Rencontré un essai d’amélioration au milieu de ces déserts, quatre bonnes maisons de pierre et quelques acres recouverts de pauvre gazon, qui cependant avaient été défrichés ; mais tout cela est redevenu presque aussi sauvage que le reste. Je sus ensuite