Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/255

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chargé de nouvelles corrections que M. Necker avait faites en le quittant ; elles portaient principalement sur le style, et montraient combien il attachait d’importance à la forme ; il eût mieux fait, à mon avis, de se préoccuper davantage des idées. Cette petite anecdote me vient de M. de Broussonnet lui-même. Ce matin trois curés de Poitou se sont joints aux communes pour la vérification de leurs pouvoirs et ont été reçus avec des applaudissements frénétiques ; ce soir à Paris on ne parle de rien autre chose. Les nobles ont discuté toute la journée sans arriver à une conclusion et se sont ajournés à lundi.

Le 14. — Visité le Jardin du Roi, où M. Thouin a eu la bonté de me montrer quelques petites expériences qu’il avait faites sur des plantes qui promettent beaucoup pour les cultivateurs, surtout le lathyrus biennis et le melilotus sibericai,[1] que l’on vante beaucoup comme fourrages ; tous deux sont bisannuels, mais durent trois ou quatre ans si on les coupe avant qu’ils aient monté en graine (l’Achillea siberica et un astragalus réussissent assez bien)[2]. Le chanvre de Chine a produit des graines parfaites, ce qu’il n’avait pas encore fait en France. Plus je vois M. Thouin, plus je l’apprécie ; c’est un des hommes les plus aimables que je connaisse.

M. Vandermonde m’a fait voir, avec une politesse et un empressement infinis, le Conservatoire royal des machines. Ce qui m’a frappé davantage, est la machine

  1. Il y a bien un vicia biennis qui croît en Sibérie et forme un excellent fourrage, mais pas de lathyrus biennis. De même, pour le melilotus siberica, à moins que l’on entende par là le trif. melil. officinalis ou le trif. lupinaster. (Note de M. Wildenow.) — Zimmermann.
  2. J’ai depuis cultivé ces plantes sur une petite échelle, et je leur crois une grande importance. (Note de l’auteur.)