Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/279

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insignifiante de leur réunion dans la grande salle des états, ont soupçonné, de l’hésitation, elles ont méprisé les autres ordres du roi, les ont regardés comme non avenus et ne méritant aucune considération jusqu’à ce qu’on les appuyât par des moyens dont on ne voyait pas trace. Elles ont érigé en maxime que leur droit s’étendait sur beaucoup plus de choses que n’en a mentionnées le roi ; qu’en conséquence, elles n’accepteront aucune commission du pouvoir, mais évoqueront tout à elles comme leur appartenant. Beaucoup de personnes avec lesquelles je m’en suis entretenu paraissent n’y rien voir d’extraordinaire ; mais il me semble pour moi que de telles prétentions sont également dangereuses et inadmissibles, et menant tout droit à une guerre civile, le comble de l’égarement et de la folie, quand les libertés publiques pourraient certainement être assurées sans recourir à de telles extrémités. Si les communes revendiquent toute autorité, quelle puissance y a-t-il dans l’État, hors les armes, pour repousser leurs empiétements ? Elles excitent chez le peuple des espérances sans bornes ; si l’effet ne les suit pas, tout sera dans le chaos : le roi lui-même, quelles que soient sa nonchalance, son apathie, son indifférence pour le pouvoir, prendra l’alarme un jour ou l’autre, et prêtera l’oreille à des projets auxquels il ne donnerait pas à présent un moment d’attention. Tout semble indiquer fortement un grand désordre et des troubles intérieurs, et fait voir qu’il eût été plus sage d’accepter les ordres du roi : c’est dans cette idée que je quittai Paris.

Le 27. — On dirait que l’affaire est terminée et la révolution complète. Le roi, effrayé par les mouvements populaires, a défait son œuvre de la séance