Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/287

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puis faire vérifier par chacune d’elles les pouvoirs de ses membres Dans le cas d’une séance royale, on aurait invité les communes à paraître à la barre de la chambre haute, où des sièges leur eussent été préparés. Dans l’édit de leur constitution, le roi aurait dû copier l’Angleterre assez pour éviter ces discussions préliminaires sur les formes à suivre dans les débats, qui, en France, ont pris deux mois et laissé aux imaginations ardentes du peuple le temps de travailler. De telles mesures auraient permis de faire face, dans les meilleures conditions possibles, aux changements ou événements imprévus qui seraient venus à se produire.

Le château de mon ami est considérable et mieux bâti qu’on ne le faisait en Angleterre à la même époque, il y a deux cents ans ; je crois que cette supériorité était générale en France dans tous les arts. On y était, j’en suis presque sûr, du temps de Henri IV, bien plus avancé que nous pour les villes, les maisons, les rues, les chemins, bref en toute chose. Grâce à la liberté, nous sommes parvenus à changer de rôle avec les Français. Comme tous les châteaux que j’ai vus dans ce pays, celui-ci touche à une ville ; il en forme même une extrémité ; mais l’arrière-façade, donnant sur de belles plantations, sans aucune vue de bâtiments, a tout à fait l’air de la campagne. Le marquis actuel a formé là une pelouse avec des sentiers sablés et sinueux, et d’autres embellissements pour l’encadrer. On y fait les foins, et le marquis, M. l’abbé et quelques autres montèrent avec moi sur la meule pour que je leur montrasse à l’arranger et le tasser. Des politiques aussi ardents, quelle merveille que la meule n’ait pas pris feu ! — Nangis est assez près de Paris pour que le peuple s’occupe de ce qui s’y passe ; le perruquier qui m’accommodait