Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/294

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Madame Leblanc approuva la naïve hospitalité de sa fille, et m’assura que son mari arriverait le lendemain de bon matin ; car elle lui dépêchait un exprès pour ses propres affaires. Le soir, nous soupâmes avec M. B…, mari d’une nièce de M. Leblanc, qui demeure dans le même village. Si l’on ne fait qu’y passer, Mareuil semble un hameau de petits fermiers entouré des chaumières de leurs ouvriers, et la première idée qui vienne, c’est la tristesse qu’il y aurait a y être banni pour la vie. Qui croirait y rencontrer deux familles à leur aise ? trouver dans l’une mademoiselle Leblanc chantant en s’accompagnant sur le sistre ; dans l’autre la jeune et belle madame B….. jouant sur un excellent piano-forte anglais ? Nous avons comparé le prix de la vie en Champagne et en Suffolk : cent louis dans le premier pays en valent cent quatre-vingts dans l’autre, ce que je crois exact. À son retour, M. Leblanc a satisfait à toutes mes demandes de la façon la plus obligeante et m’a donné des lettres pour les propriétaires des crus les plus célèbres.

Le 7. — Epernay, vins fameux. J’étais recommandé à M. Parétilaine (Parctelaine), un des plus grands négociants d’ici, qui, avec deux autres messieurs, eut la bonté d’entrer dans de grands détails sur le profit et le produit des vignes. L’hôtel de Rohan est très bon ; je m’y régalai, pour quarante sous, d’une bouteille d’excellent vin mousseux, que je bus à la prospérité de la vraie liberté en France. — 12 milles.

Le 8. — Aï. Petit village non loin de la route de Reims, très fameux par ses vins. J’avais une lettre pour M. Lasnier, qui a soixante mille bouteilles de champagne dans ses caves. Par malheur, il n’était