Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/297

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Paris, il le fallait ; le tiers état perdait la tête, il avait besoin d’une salutaire correction ; ne veulent-ils pas établir une république, c’est absurde ! — Pardon, répliquai-je, pourquoi donc vous battiez-vous en Amérique ? Pour le même motif, ce me semble. Ce qui était bon pour les Américains, serait-il si mauvais pour les Français ? — Aye, damme ! Vous voulez vous venger, vous autres Anglais ! — Certainement, ce n’est pas une mauvaise occasion. Pourrions-nous suivre un meilleur exemple que le vôtre ? — Il me questionna ensuite beaucoup sur ce qui se pensait et se disait chez nous de ces affaires : et j’ajouterai que j’ai rencontré chez presque tout le monde cette même idée : « Les Anglais doivent bien jouir de notre confusion. » On sent vivement qu’on le mérite. — 12 1/2 milles.

Le 10. — Ove (Aauve). — Traversé Courtisseau, petit village avec grande église et un beau cours d’eau que l’on ne songe pas à utiliser pour les irrigations. Maisons à toits plats et saillants comme ceux que l’on voit de Pau à Bayonne. Sainte-Menehould. Affreuse tempête après un jour d’une chaleur dévorante, la pluie était si forte, que c’est à peine si je pus trouver l’abbé Michel, auquel j’étais recommandé. Chez lui, les éclairs incessants ne nous laissaient pas moyen de nous entretenir, car toutes les femmes de la maison vinrent se réfugier dans la chambre où nous nous tenions, sans doute pour chercher la protection de l’abbé ; aussi pris-je le parti de m’en aller. Le vin de Champagne, qui valait 40 sous à Reims, vaut 3 fr. ici et à Châlons ; il est exécrable, voilà qui met fin à mon traitement pour les rhumatismes. — 25 milles.

Le 11. — Traversé les Islettes, ville (je devrais dire amas de boue et de fumier), avec un aspect nouveau