Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/299

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Le 13. — Quitté Mar-le-Tour (Mars-la-Tour) à 4 heures du matin ; le berger du village sonnait son cor, et rien n’était plus drôle que de voir chaque porte vomir ses moutons et ses porcs, quelquefois des chèvres ; le troupeau se grossissant à chaque pas. Moutons misérables et porcs à dos géométriques, formant de grands segments de très petits cercles. Il doit y avoir ici abondance de communaux ; mais, si j’en juge par les animaux, ils doivent être terriblement surchargés. — Une des villes les plus fortes de France, on passe trois ponts-levis ; l’eau que l’on a à discrétion joue un aussi grand rôle que les ouvrages fortifiés. La garnison ordinaire est de 10,000 hommes, elle est plus faible maintenant. Visité M. de Payen, secrétaire de l’Académie des sciences ; il me demanda mon plan, que je lui expliquai ; puis il me remit à quatre heures après midi à l’Académie, où il y avait séance, en me promettant de me présenter à quelques personnes qui répondraient à mes questions. Je m’y trouvai : c’était une réunion hebdomadaire. M. Payen me présenta aux membres, et ils eurent la bonté de délibérer sur mes demandes et d’en résoudre plusieurs, avant de procéder à leurs affaires privées. Il est dit dans l’Almanach des Trois-Évêchés, 1789, que cette Académie a l’agriculture pour but principal ; je feuilletai la liste des membres honoraires pour voir quels hommages elle avait rendus aux hommes de ce temps qui ont le plus servi cet art. Je trouvai un Anglais, Dom Cowley, de Londres. Quel peut être ce Dom Cowley ? — Dîné à table d’hôte avec sept officiers, de la bouche desquels, dans un moment si décisif et quand la conversation est aussi libre que la presse, il n’est pas sorti une parole dont je donnerais un fêtu ; ils n’ont pas abordé de sujet plus important qu’un habit ou un petit chien. Avec