Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/362

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aux mêmes recherches, madame Cheinet, dont le mari est membre de l’Assemblée nationale ; s’il a le bonheur de rencontrer à Versailles une dame aussi accomplie que celle qu’il a laissée à Montélimart, sa mission ne sera pas stérile et il pourra s’employer mieux qu’à voter des régénérations. Cette dame nous accompagna dans une promenade aux environs, et je fus enchanté de la trouver excellente fermière, très habile dans la culture, et tout à fait disposée à répondre à nos questions, particulièrement sur la culture de la soie. La naïveté de ce caractère et l’agréable conversation de cette personne avaient un charme qui m’aurait rendu délicieux un plus long séjour ici ; mais la charrue !…

Le 23. — Accompagné M. Faujas à sa terre de l’Oriol (Loriol), à 15 milles nord de Montélimart ; il est en train de bâtir une belle maison. Je fus content de voir sa ferme monter à 280 septerées de terre ; ma satisfaction eût été plus grande si je n’y avais pas trouvé un métayer. M. Faujas me plaît beaucoup ; la vivacité, l’entrain, le phlogistique de son caractère ne dégénèrent pas en légèreté ni en affectation ; il poursuit obstinément un sujet, et montre que ce qui lui plaît dans la conversation, c’est l’éclaircissement d’un point douteux par l’échange et l’examen consommé des idées qui s’y rapportent, et non pas cette vaine montre de facilité de parole qui n’amène aucun résultat. Le lendemain, M. l’abbé Bérenger vint avec un autre monsieur passer la journée ; on alla visiter sa ferme. C’est un excellent homme, qui me convient beaucoup ; il est curé de la paroisse et préside le conseil permanent. Il est à présent enflammé d’un projet de réunir les protestants à son église, et il nous parla avec bonheur du pouvoir qu’il avait eu de leur persuader de se mêler comme des