Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/364

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le plus grand honneur reviendrait à tous ceux qui soutiendraient ce mémoire, qu’on devait considérer comme la revendication des droits de l’humanité violemment et injurieusement déniés au grand détriment de la nation. Hier, avec M. Faujas de Saint-Fond, nous sommes passés près d’une congrégation de protestants, assemblés comme des druides sous cinq ou six beaux chênes, pour offrir leurs actions de grâces au Père qui leur donne le bonheur et l’espérance. Sous un semblable ciel, quel temple de pierre et de ciment pourrait égaler la dignité de celui-ci que leur a préparé la main du Dieu qu’ils révèrent ? Voici un des jours les mieux remplis que j’aye passés en France : nous avons dîné longuement et en fermiers, nous avons bu à l’anglaise au progrès de la charrue, et nous avons si bien parlé agriculture que j’aurais voulu avoir mes voisins de Suffolk pour partager ma satisfaction. Si M. Faujas de Saint-Fond vient en Angleterre, je le leur présenterai avec plaisir. — Retourné le soir à Montélimart. — 30 milles.

Le 25. — Traversé le Rhône au château de Rochemaure. Ce château s’élève sur un rocher de basalte, presque perpendiculaire, décelant, par sa structure prismatique, son origine ignée. Voyez les Recherches de M. Faujas. L’après-midi, gagné Pierrelatte au milieu d’un pays stérile et sans intérêt, bien inférieur aux environs de Montélimart. — 22 milles.

Le 26. — Il ne devient guère meilleur du côté d’Orange ; une chaîne de montagnes borde l’horizon sur la gauche, on ne voit rien du Rhône. Dans cette dernière ville, on voit les ruines d’un édifice romain de 60 à 80 pieds de haut, que l’on prend pour un cirque ; d’un