Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/368

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vœux de réussite, pas un obstacle. » Ce fut en vain, ils étaient persuadés que leur gouvernement était le meilleur du monde, que c’était une monarchie et non une république, ce que je contestai ; que les Anglais le croyaient excellent et qu’ils aboliraient très certainement leur chambre des lords ; je les laissai se complaire dans un espoir si bien fondé. Arrivé le soir à Lille (Lisle), dont le nom s’est perdu dans la splendeur de celui de Vaucluse. Impossible de voir de plus belles cultures, de meilleures irrigations et un sol plus fertile que pendant ces seize milles. La situation de Lille est fort jolie. Au moment d’y entrer, je trouvai de belles allées d’arbres entourées de cours d’eau murmurant sur des cailloux ; des personnes parfaitement mises étaient réunies pour jouir de la fraîcheur du soir, dans un endroit que je croyais être un village de montagnes. Ce fut pour moi comme une scène féerique. « Allons, disais-je, quel ennui de quitter ces beaux bois et ces eaux courantes pour m’enterrer dans quelque ville sale, pauvre, puante, étouffant entre ses murs, l’un des contrastes les plus pénibles à mes sentiments ! » Quelle agréable surprise ! l’auberge était hors de la ville, au milieu de ce paysage que j’avais admiré, et, de plus, une excellente auberge. Je me promenai pendant une heure au clair de la lune, sur les bords de ce ruisseau célèbre, dont les flots couleront toujours dans une œuvre de mélodieuse poésie. Je ne rentrai que pour souper, on me servit les truites les plus exquises et les meilleures écrevisses du monde. Demain je verrai cette fameuse source. — 16 milles.

Le 29. — Les environs de Lille m’enchantent ; de belles routes plantées d’arbres qui en font des promenades partent de cette ville comme d’une capitale, et