Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/397

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et parsemé de châteaux, de fermes et de chaumières. Un soleil radieux ne contribuait pas peu à sa beauté. Depuis dix ou douze jours il a fait, de ce côté des Alpes, un temps magnifique et chaud ; dans les Alpes, et de l’autre côté, dans les plaines de la Lombardie, nous étions gelés et enterrés dans les neiges. La garde bourgeoise examina nos passe ports à Pont-de-Beauvoisin et à Bourgoin, mais nulle part ensuite. On nous assure que le pays est parfaitement calme, on ne monte plus la garde dans les villages, et on ne recherche plus les émigrés comme cet été. Passé, non loin de Verpilière, à côté du château de M. de Veau, qui a été incendié ; il est bien situé et adossé à un beau bois. M. Grundy était ici en août ; quelques jours après ces ravages, il y avait encore un paysan pendu à un arbre de l’avenue, le seul de ceux que la garde bourgeoise avait saisis pour ces brigandages. — 27 milles.

Le 27. — Changement soudain ; la campagne, l’une des plus belles de France, devient plate et sombre. Arrivé a Lyon, et là, pour la dernière fois, j’ai vu les Alpes. On a du quai le magnifique coup d’œil du mont Blanc, que je ne connaissais pas auparavant : j’éprouve une certaine mélancolie en pensant que je quitte l’Italie, la Savoie et les Alpes, pour ne les revoir probablement jamais. Quelle terre peut se comparer à l’Italie pour tout ce qui la rend illustre ! Elle a été le séjour des grands hommes, le théâtre des grandes actions, la seule carrière où les beaux-arts aient régné sans partage. Où trouver plus de charmes pour les yeux, les oreilles, plus de sujets de curiosité ? Pour chacun l’Italie est le second pays du monde, preuve certaine qu’il en est le premier. Au théâtre : une chose en musique qui m’a trop rappelé l’Italie par le contraste !