Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/429

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Le 19. — Dernier jour passé à Paris ; je l’ai donc employé à prendre congé de mes amis, parmi lesquels je mets le duc de Liancourt au premier rang. Je dois aux bons offices, pleins de politesse, de cordialité, dont ce gentilhomme n’a cessé de me combler, les instants heureux ou agréables que j’ai passés à Paris : sa bonté ne s’est pas démentie, et à la fin j’ai dû lui promettre que, si je revenais en France, je viendrais lui demander asile dans son hôtel à Paris ou dans son château à la campagne. Je ne dois pas oublier de dire que, dès le commencement de la révolution, sa conduite a été droite et ferme. Son rang, sa famille, sa richesse, son poste à la cour, tout se réunissait pour en faire un des personnages les plus influents du royaume, et quand la confusion des affaires publiques rendit nécessaires des assemblées de la noblesse, son désir de posséder les questions alors débattues se trouva secondé par cette attention et cette application exigées, lorsqu’il n’y avait d’importance dans l’État qu’en raison de la capacité. Dès la première réunion des états généraux, il a pris le parti de la liberté, et se fût joint tout d’abord aux députés du tiers, si les ordres de ses commettants ne l’en eussent empêché. Il leur demanda ou d’y consentir ou de le remplacer ; et en même temps, avec la même loyauté, il déclara que si ses devoirs envers la nation devenaient incompatibles avec sa charge à la cour, il la résignerait : acte non seulement inutile, mais absurde, du moment où le roi se mettait à la tête de la révolution. En épousant la cause du peuple, il a suivi les principes de tous ceux de sa race, qui, dans les troubles et les guerres civiles des siècles passés, se sont toujours opposés aux mesures arbitraires de la cour. Le monde entier connaît sa démarche à Versailles auprès du roi, etc. On doit, sans hésiter, le classer