Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/84

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donnent aux vallées. Des chaînes de montagnes lointaines forment l’arrière-plan du tableau dont elles rehaussent l’intérêt. La pente qui mène à Bassines offre une superbe vue ; et, à l’approche de la ville, le paysage présente un mélange capricieux de rochers, de bois et d’eaux.

Le long de notre route vers Limoges, nous avons rencontré un second lac artificiel entre deux collines ; puis des hauteurs plus sauvages coupées de jolis vallons ; un autre lac plus beau que le précédent, avec une belle ceinture de bois ; nous avons ensuite passé une montagne revêtue d’un taillis de châtaigniers, d’où se découvrait un horizon comme je n’en avais pas encore vu, soit en France, soit en Angleterre, très accidenté, tout couvert de forêts, et bordé de montagnes éloignées. Pas une trace d’habitation humaine ; ni village, ni maison, ni hutte, pas même une fumée indiquant la présence de l’homme ; scène vraiment américaine, où il ne manquait que le tomahawk du sauvage. Halte à une exécrable auberge, appelée Maison-Rouge, où nous projetions de passer la nuit ; mais, après examen, les apparences furent jugées si repoussantes, et il nous vint de la cuisine un rapport si misérable, que nous reprîmes le chemin de Limoges. La route, pendant tout ce trajet, est vraiment superbe, bien au delà de ce que j’ai vu en France ou autre part. — 44 milles.

Le 6. — Visité Limoges et ses manufactures. C’était certainement une station romaine, et il y reste encore quelques traces de son antiquité. Elle est mal bâtie, les rues sont étroites et tortueuses, les maisons hautes et d’un aspect désagréable ; les gros murs sont en granit ou en bois, revêtus avec des lattes et du plâtre, ce