Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/98

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avant et en arrière dans le mur. Il y a un portrait de madame du Barry, qui passe pour ressemblant ; si vraiment il l’est, on pardonne les folies faites par un roi pour l’écrin d’une telle beauté ! Quant au jardin, il est au-dessous de tout mépris, si ce n’est comme exemple des efforts où peut entraîner l’extravagance : dans l’espace d’un acre sont entassées des collines en terre, des montagnes de carton, des rochers de toile ; des abbés, des vaches et des bergères, des moutons de plomb, des singes et des paysans, des ânes et des autels en pierre ; de belles dames et des forgerons, des perroquets et des amants en bois ; des moulins à vent, des chaumières, des boutiques et des villages, tout, excepté la nature.

Le 15. — Rencontré des montagnards qui me rappelèrent ceux d’Écosse ; je les avais vus pour la première fois à Montauban, ils portent des bonnets ronds et plats et de larges culottes : « La cornemuse, les bonnets bleus, le gruau d’avoine, se trouvent tout aussi bien, dit Sir James Stuart, en Catalogne, en Auvergne et en Souabe que dans le Lochaber. » Beaucoup de femmes ici vont sans bas ; j’en ai rencontré revenant du marché avec leurs souliers dans leurs paniers.[1] a vue des Pyrénées est si nette, on distingue si bien les contrastes de lumière et d’ombre sur la neige que l’on serait tenté de réduire à quinze les soixante milles qui nous en séparent. — 30 milles.

  1. Il en est de même en Écosse, où les femmes du peuple vont généralement nu-pieds, surtout les servantes et les ouvrières des manufactures. C’est un spectacle très commun aux abords des villes où se tiennent les marchés, que celui de jeunes personnes en chapeau, avec de belles robes, de beaux châles de Paisley et le boa de rigueur, se lavant les pieds pour mettre les bas et les souliers qu’elles ont apportés avec elles.