Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/103

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— Avez-vous aperçu la Grande Mademoiselle ? Elle a passé l’autre jour place Gambetta.

Les châtelains, les automobilistes en étaient à souhaiter qu’elle crevât sur la route pour avoir à la secourir, à lui tourner son cric, à lui passer la roue, surtout à lui parler. Mais, d’ordinaire, Olive opérait seule, sous un ormeau, souple et acrobatique comme une mécanicienne.

Un matin qu’elle procédait à cette réparation, tournant sa manivelle avec autant de grâce que Marguerite son rouet, passa pourtant une conduite intérieure, une quarante-chevaux, une mille-reflets. La voiture stoppa. Quelqu’un ressemblant au duc jusqu’au monocle, avec vingt ans de moins peut-être, la lèvre rasée, une cinquantaine alerte enfin, en sauta, chapeau bas.

— Mademoiselle de Fontaygue de Charlemart, je suppose ?

— Elle-même, monsieur.

— Ici, le comte de Kerpol.

— Les de Kerpol de Locronan ? interrogea Olive encore agenouillée.

— Ceux qui hébergèrent saint Renan à son arrivée en Cornouaille, exactement, mademoiselle.

— Les de Pancé m’ont raconté votre légende, dit Olive.