Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tendre coule au fond de vous avec un goût maternel. C’est sa lèvre rentrée, reniant les sensualités, enseignant l’Esprit. Mais quel vain ouvrage de traduire un à un par les traits de la face les secrets de l’âme qui s’y inscrivent après une noble vie ! Il faut accepter, sans analyse, cette manifestation par la chair de la spiritualité humaine.

Qu’a-t-il fallu pour que la vivacité, la bonne tête, le goût bien formé de la petite paysanne d’antan donnent cet accomplissement et cette richesse ?

Il a fallu cinquante années du choc journalier des désirs humains contre l’épreuve. Renoncements, dévouements, résignation, constance. En résumé, fidélité. Fidélité à une règle malgré la joie ou la tristesse, la paix ou le trouble, la certitude ou l’incertitude. Voilà une belle vie et voilà son fruit.

Elle s’appelle Marie. Tout le monde respecte et, à l’occasion, consulte la Marie. Sur les chemins, elle aborde volontiers jeunes gens et jeunes filles. Le bon bec d’autrefois ne l’a pas quittée. Ses propos cascadent et pétillent. Son vert langage réjouit cette jeunesse. On entend de loin ses éclats de rire, jusqu’au bout des champs. Elle manie la