Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/165

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en fût, cette histoire se termina effectivement, dans la réalité, devant le Tribunal pour enfants.

Les principaux témoins cités furent Bertrand, Mathieu et la vieille Marie.

Lorsqu’elle fut appelée au prétoire, l’on vit dans sa belle robe de mérinos noir la grande paysanne aux larges épaules, la tête droite sous le bonnet à rubans, qui s’avançait d’un pas ferme, d’un air recueilli. L’appareil de la justice, la figure des juges, la hauteur du plafond, lui donnaient du respect et point de trouble.

Mais lorsque ses yeux qui cherchaient découvrirent à droite, dans leur box, Crozant et Lereduc entre les gendarmes, il y eut dans toute sa personne un inexprimable redressement comme en ont les mères qui voient incriminer leur enfant. Elle jeta un regard de défiance au jeune stagiaire qui allait dans un instant les défendre. Qu’allait-il dire, bon sang ! Qu’allait-il imaginer de comparable à ce qui bouillonnait dans sa poitrine à la vue de ces enfants pitoyables ! Elle les avait mis au monde des honnêtes gens ; elle y suivait toute tremblante de joie leurs premiers pas. Que ne les avait-elle entendus, lors de l’interrogatoire, à l’instant même, répondre à l’accusation par des propos de repentir et une humilité qui