Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/174

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du jeune attaché de cabinet atteste une vie difficile. C’est un de ces intérieurs où un garçon moderne sait remplacer le bois, le marbre, la laque des ameublements coûteux par quelques étoffes agréablement drapées qui ne trompent personne. Prosper, ruiné par ses sœurs — cinq filles de général, qu’il a fallu doter — n’a jamais fait dans le monde qu’une figure réduite. Au surplus, son air modeste diminue encore son personnage. Même riche, il aurait conservé cette manie de passer à gauche, de saluer petitement, de parler à mi-voix, de s’asseoir au bord des chaises. Évidemment, il y a la situation : attaché de cabinet, c’est charmant. Mais encore… Et cet homme a toujours éloigné Camille qui ne prise la simplicité de la vie que chez les autres.

Camille a deux petits garçons, dont les têtes frisées ont mécaniquement appelé l’héritage du malheureux marquis. Sa part est insignifiante. Elle n’a pu se commander que quatre chapeaux ce printemps. Elle vit de privations, positivement. Hier, encore, cette robe en tussor imprimé de chez Fanchette, c’est la sœur du banquier Bresle qui la lui a soufflée. Il est évident que si Camille épouse le banquier Bresle, l’année prochaine, comme elle sent bien qu’elle ne pourra pas s’en empêcher, elle aura tous les modèles de chez