Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D’ailleurs la question ne se serait pas posée. Je ne t’apprends rien en te disant que nous étions sans fortune. Mes sœurs, Monique et Paulette, sont obligées de travailler dans une banque et je n’ai dû de pouvoir faire mon droit qu’à une petite place d’expéditionnaire à la Chancellerie. Bref, je n’étais pas dans les conditions de Laffrey qui est riche et qui, s’il peut arracher à la mort sa poétique Elvire, lui offrira pour la vie des lits de roses où reposer éternellement ses charmes fragiles. Il m’était interdit, à moi, d’épouser une femme qui n’eût rien. Jusqu’ici donc, je te concède que l’idée d’une dot s’incorporait malgré moi à l’idée de mariage. Une nécessité. Une loi.

Un jour, à Saint-Cloud, je suis entraîné par un voisin à une partie de tennis. Je vois, dans un rectangle découpé parmi les arbres, des jeunes femmes en blanc, des garçons immaculés et, au milieu d’eux, un être extraordinaire qui répandait de la clarté, qui semblait être la raison profonde de l’univers, un être aussi différent des autres qu’une bergère de son troupeau. Alors que les yeux des autres apercevaient tout simplement par une échancrure des frondaisons la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le dôme des Invalides, les tours de Notre-Dame, récifs du grand lac gris de Paris, les siens déchiffraient des mystères qui la faisaient