Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/199

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fille une sacrée personnalité, quelque chose qui émeut comme le mot « princesse ». Oui, c’est vrai, cette grande pureté du luxe qui émanait d’Alice m’a ébloui et l’idée qu’elle pourrait m’entraîner avec elle dans cette région irradiée de vrais diamants, de vraies perles, de vrai Louis XV, dans cette région princeps de toute littérature, de toute peinture, de toute musique, de tout art, de tout bien-être, m’a effleuré.

Qu’est-ce qui détermine un garçon de vingt-sept ans à épouser telle ou telle jeune fille ? Comment se solidifie et se cristallise en lui, aussi insensiblement qu’un grain de sel dans un marais silencieux, cette extraordinaire ambition d’attacher tous ses jours, tous ses intérêts, toutes ses humeurs aux jours, aux intérêts, aux humeurs d’une femme ? Est-ce seulement l’attrait, le désir ? Mais pourtant combien de jeunes filles qui vous charment à vous étourdir et qu’on n’épouserait pas ! Il faut que dans votre inconscient des fées aux mains de chimistes amalgament la prudence, les précautions, la prévoyance à l’enivrement en vue d’une sélection rationnelle et pratique. Je confesse qu’au bout de trois jours, avant d’avoir revu Alice, j’allai demander à mes voisins qui elle était. On me nomma le grand industriel des Vallées qui était son père et n’avait d’ailleurs pas d’autre enfant. Je mentirais si