Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/73

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pistolet ou fusil, c’était comme un membre surajouté à l’homme noble et prolongeant sa force : un signe de puissance, un serviteur chéri. Ainsi que le forgeron aime son marteau et le charpentier sa bonne scie, le noble aime son épée et Olive aimait son fusil.

Une Charlemart ne pouvait mettre le sang qui coulait si intact dans ses veines au service d’un maître, qu’il fût ministre, industriel ou savant. Pourtant ce sang bouillait en elle quand elle pensait aux luttes des autres jeunes filles.

Mille ans plus tôt elle se serait faite forgeron et eût martelé des épées pour gagner sa vie, Car il est des matières nobles dont le contact n’avilit pas. Mais les armes, aujourd’hui, sortent d’usines cyclopéennes et rien n’était plus éloigné d’Olive, ce personnage de tapisserie, que les chevaux électriques actionnant les marteaux-pilons pour emboutir l’acier, les moteurs mystérieux qui font tourner les fraiseuses pour décolleter les canons de fusil et les enclumes mécaniques pour fabriquer les baïonnettes en série.

Comme elle se rongeait en sa tour, un soir, au retour de la chasse, la fille de basse-cour vint lui dire qu’une dame demandait à être introduite,