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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/106

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encore des ardeurs de la bataille, s’était étendu sur ce lit. On croyait encore y voir son corps allongé, son profil bourbonien, sa barbe galante, dans la rigidité d’un gisant de cathédrale.

Les fils Alibert ne proférèrent pas un mot. Samuel osa le premier faire un pas dans la chambre, et d’un geste puéril, hésitant il toucha de ses doigts larges la rainure d’une colonne de chevet. Puis ils se retirèrent. M. Martin d’Oyse, ébranlé par les drames secrets de cette journée où son malheur s’était étalé sans voile devant les nouveaux venus, ne put ici cacher son trouble. Ce dernier contact avec les glorieux souvenirs l’avait achevé. Sam et Freddy s’en aperçurent. Dans un élan, l’aîné prit de ses deux mains la main du gentilhomme et, la serrant de toute sa force :

— Monsieur, si vous daignez le permettre, nous serons vos amis.

— Messieurs, vous l’êtes de cet instant, répondit M. Martin d’Oyse.

Là-dessus ils redescendirent froidement au salon et la châtelaine pria les Alibert à dîner. Mais ils répondirent simplement non, en s’excusant : ils n’avaient pas de phares et