Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/109

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le gentilhomme. Il était temps ; je ne pouvais supporter d’être vaincu devant vous, Élisabeth.

— Je n’ai jamais redouté que vous le fussiez, mon ami ; mais je souffrais de vous voir lutter si âprement et au rebours de tous vos goûts qui vous induisent à la paix, à la sérénité, à tout ce qui plane au-dessus des tourments vains.

— Élisabeth, c’était pour vous que j’agissais. Il y a des mots de défaite, d’humiliation, de ruine dont je ne voulais pas que vous fussiez atteinte. N’ai-je pas démérité à vos yeux en recourant dans ce but à ces jeunes étrangers ?

Madame Martin d’Oyse réfléchit longuement avant de répondre. C’était une intelligence calme, mais subtile. Son père, le bourgeois Béchemel, fondateur de la filature, avait épousé une fille noble. La belle Élisabeth était donc elle aussi de sang aristocratique, et la hauteur où l’avait portée toute sa vie l’amour d’un homme qui n’avait cessé un instant de l’exalter et de la chérir, lui conférait des vues sereines.

— Philippe n’est qu’un poète et qu’un enfant, pensa-t-elle enfin, à mi-voix, mais