Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/151

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pas qu’on en fît un petit garçon devant les cousins riches.

Philippe se tut un long moment. L’encens que cette jeune plébéienne intelligente lançait si passionnément à sa famille l’étourdissait un peu. C’était un culte touchant, une dévotion aveugle, qui flattait, en lui tout ce qu’il avait de race. Mais son habitude instinctive d’une pensée plus aiguë que celle de Marthe lui fit dire :

— Il ne faut pas être injuste dans ses sentiments. J’aime vous entendre louer ma famille et c’est votre droit de la préférer, mais vous êtes injuste envers les Alibert : vous vous refusez à reconnaître leur belle puissance. Et d’abord moi, Marthe, je leur garde une reconnaissance ardente pour la part d’amitié qu’ils ont apportée dans l’association. Et puis, je les admire…

— Écoutez l’auto qui descend, interrompit Marthe. Oh ! maintenant, le déjeuner de ces messieurs ne dure pas longtemps. Les Alibert sont là pour leur pousser l’épée dans les reins. Eux, monsieur Philippe, ils ne voudraient pas sortir de l’usine.

La sirène siffla au tournant, et aussitôt on vit la voiture luisante s’engager là-bas dans