Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/173

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question de conscience, nous ne pouvons insister.

Cependant Chouchou était survenu, il avait entendu la discussion, et il pensait :

— Est-ce que papa n’exagère pas ? Est-ce qu’on doit un pareil culte à la pensée pure ? Les Alibert aussi ont une pensée, mais une pensée qui se traduit sans cesse par l’action. Leur pensée devient moteur, machine, farine, coton. Mais tout cela règne d’abord dans leur esprit en noble conception. Ce sont des créateurs. Dieu n’a pas dédaigné de créer la matière. La force des Alibert fait pâlir l’éclat de notre spiritualité. Leur force est venue à notre secours. N’avons-nous pas mauvaise grâce à la traiter de haut ? Où est la supériorité ? En cette minute, par leur silence, eux qui n’ont rien compris à la tirade de papa, se montrent fort délicats. Ils sont parfaits. En somme, les changements qu’ils ont introduits chez nous, je les goûte infiniment. L’électricité au château est fort commode, et mes parents jouissent maintenant de l’auto qui a détrôné la calèche. En somme, la supériorité ne serait-elle pas du côté de ceux qui ont raison ?