Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/18

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fils qui se rompaient. Auprès d’elles, Marthe Natier, qui, pourtant, était du peuple, avait l’air d’une demoiselle avec sa petite robe noire, ses manchettes et son col blanc, et sa brune chevelure soyeuse bien sagement serrée dans un lourd chignon.

Elle envisagea d’un coup d’œil les quatre longues files de métiers qui ressemblaient ainsi, dans leur ensemble, à des pianos dépouillés sur le clavier desquels auraient joué des mains invisibles, et elle pensa :

« Ce bel atelier ! Quel malheur, s’il faut arrêter tout cela ! Ce serait un coup terrible pour monsieur. »

Au même instant, comme si elle l’avait évoqué, « monsieur » parut là-bas, à l’autre extrémité de la galerie. C’était M. Martin d’Oyse, père. Il s’avançait lentement, regardait de droite et de gauche la marche grandiose de ses métiers. Lui aussi pensait sans doute, comme Marthe Natier, au procès menaçant. Les bancs avides réclamaient du coton à filer. Pourrait-il leur en fournir dans trois mois, dans six mois ? Ce mouvement formidable, impérieux, l’angoissait, parce qu’il ne s’en voyait plus le maître.

Il était svelte comme un jeune homme,