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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/196

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silence les ravages de son cœur. Tout d’un coup, comme on foulait déjà les feuilles tombées des premiers chênes, il entendit une voix suave qui murmurait :

— Chouchou…

De nouveau il se retourna. Fanchette était toute seule, Cécile avait disparu. La jeune fille levait sur Philippe ses yeux dont on ne savait s’ils étaient indifférents ou tristes.

— Vous pensez du mal de moi ?

— Non, Fanchette. Je vous admire toujours, mais je souffre parce que nous ne nous rencontrerons jamais, et que c’est le bonheur, cela, de se fondre dans une pensée unique, dans un sentiment unique. Nous sommes étrangers, Fanchette ! et c’est pour cela que je vous fuyais. Vous pensiez que c’était pour votre argent ? Oh ! il compte si peu à mes yeux que je n’aurais pas pris garde à lui. Mais il y a pire pour nous séparer, il y a cette horrible incompréhension mutuelle.

— Moi, dit-elle, j’aime quand je vous trouve obscur, puéril, phénoménal. J’aime quand vous êtes Martin d’Oyse, avec vos idées conventionnelles, votre chevalerie, vos complications, vos scrupules. Pourquoi n’aimez-vous pas quand je suis Alibert, car-