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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/225

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retourner aux Alibert, Vous êtes ma chair et mon sang.

Il lui faisait peur et elle essayait de se dégager en tordant les bras, mais cette résistance exaspérait encore Élie et il continua sourdement.

— Hein, il est riche, Samuel Alibert ? il a des capitaux ? c’est une puissance ? Du jour où il a posé sur la filature sa patte solide, la filature matée s’est mise à ronfler et à vomir des tonnes de fil. Je me rappelle comme vous le regardiez quand il était couché, noir de graisse et de suie, sous le tube de la machine. Vous étiez béante devant ce mécanicien millionnaire. Dès ce jour-là je suis devenu « votre pauvre Élie ». Je ne suis pas un monteur, moi ; je n’ai pas de combinaison comme un ouvrier du métal ; mes mains ignorent l’anatomie d’une machine à vapeur. Alors, qu’est-ce que je sais ? À quoi suis-je bon ? Mes goûts, mes tendances, ma race qui n’ont pas su vous gagner des millions, vous les avez méprisés. Devant les revues que je reçois vous dites sans comprendre : « Mais comme vous lisez ! » S’il y a une autre vie que celle des machines et des banques, vous n’en avez aucun souci. Je n’ose plus