Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pis que jamais ! Ces ouvrières, elles ont un instinct, un flair, un je ne sais quoi pour sentir la débâcle. Voilà qu’elles refusent de travailler maintenant. Elles ont l’air de plaindre ces messieurs ; au fond, je les crois enchantées de prévoir leur ruine. Pour un peu elles saccageraient les métiers afin que ça aille plus vite. Le personnel est comme ça : qui ne réussit pas, a tort. Tantôt, l’une d’elles n’a-t-elle pas été parler à M. Xavier de l’arrêt prochain du travail ? Je lui aurais arraché la langue.

— Monsieur Xavier est bien trop bon, dit tristement la vieille.

— Il ne l’a pas reprise, continua Marthe, mais il est devenu blême. Il souffrait, je l’ai bien vu. Il s’aperçoit que tout se désagrège. Il ne se révolte pas. Il garde toute la dignité de sa race. Il a l’air au-dessus du malheur, mais il est torturé.

— Des maîtres comme ceux-là, il n’y en a plus, dit Nathalie en s’essuyant les yeux. Pourquoi faut-il que tant de misères leur arrivent !

— Il m’a dit, reprit Marthe, que je dirigerais l’usine aussi bien qu’un homme. Le fait. est que je ne m’y montrerais pas pire que le