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princesses de science

vrai médecin, distribuant, à qui le demandait, son routinier savoir, sans jamais se soucier des honoraires.

Le lendemain matin, Thérèse était à Beaujon. Le faux bruit de sa retraite l’offensait ; son honneur lui en semblait touché. Elle voulait se faire voir dans le service d’Artout, très fréquenté des jeunes médecins : la légende serait ainsi détruite à sa source. Elle rencontra le chef à l’entrée de la salle, la toque noire sur sa tête énorme et noble qu’eût si bien coiffée la mitre, le tablier blanc noué à ses reins puissants, les manches de la blouse relevées sur ses bras velus, et la main droite gantée de caoutchouc.

— Ah ! voilà donc enfin la doctoresse Guéméné ! s’écria-t-il, le visage épanoui soudain.

Et tout le monde se retourna vers l’élégante et mince jeune femme qui entrait en jaquette de fourrure, embrassant de son regard, longuement posé sur chaque lit, toute la salle. Il y avait là trois jeunes chirurgiens, une dizaine d’élèves, dont trois étudiantes étrangères, plus deux petites « bénévoles » françaises, accomplissant leur première année de médecine : — des enfants sorties du lycée depuis quatorze mois, et qui ressemblaient à deux grandes pensionnaires en sarraus blancs.

Alors Artout, que son gros bon sens de vieux garçon sans clairvoyance bien aguisée illusionnait parfois, présenta originalement à ces jeunes hommes