Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/34

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de jours vous seriez prise d’une fièvre qui vous emporterait en trois ou quatre jours.

— Très bien. Mais quelle vraisemblance y a-t-il que je laisserais ma main dans ce coffret pendant au moins une heure ?

— A défaut de votre main allant trouver le cuir de Cordoue, le cuir ne peut-il pas lui-même venir trouver votre main ?… Je vous offre ce coffret… Vous lui donnerez une destination quelconque… Il vous servira à renfermer l’écharpe que vous mettez à votre cou, les gants qui vont s’adapater à votre main. L’écharpe, les gants séjournent dans le coffret, leur vertu est dès lors aussi efficace que la vertu même de ce cuir.

— Voilà un vrai chef-d’œuvre", murmura la reine.

Ruggieri se redressa. Son orgueil de chimiste trouvait dans ce mot la récompense de son patient labeur.

"Oui, dit-il, c’est la mon chef-d’œuvre. J’ai mis des années à combiner les éléments subtils capables de s’adapter à la peau comme à la tunique de Nessus ; j’ai veillé des nuits et des nuits, j’ai failli cent fois m’empoisonner moi-même pour trouver cette essence qui se communique par le toucher, non par l’odorat ou par le palais. Dans ce coffret redoutable, j’ai enfermé la mort que j’ai ainsi réduite à l’état de servante docile, muette, invisible, méconnaissable. Prenez-le, ma reine. Il est à vous.

— Je le prends ! " dit Catherine.

En effet, elle referma soigneusement le coffret et s’en empara. Elle le garda un instant dans ses deux main levées à hauteur de ses yeux, et murmura :

"Dieu le veut ! "