Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/9

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héritier, un seigneur presque aussi puissant et peut-être plus riche que le roi ; on lui donnait l’épée de connétable qu’avait illustrée son père ; il était presque le deuxième personnage du royaume !

Voilà les pensées qui, lentement, s’étaient agglomérées dans la conscience du rude maréchal, et dont la pensée initiale avait été le désir effréné de se débarrasser de son frère.

Or, cette haine elle-même avait pris sa source dans l’amour d’Henri pour Jeanne de Piennes.

Repoussé à Margency par la fiancée de son frère, il s’étaient atrocement vengé.

Les choses en étaient là lorsqu’il rencontra Jeanne et s’aperçut ou crut s’apercevoir que sa passion mal éteinte se réveillait plus ardente que jadis.

La conspiration qui devait faire Guise roi de France conduisait Damville à la puissance ; du même coup, son frère disparaissait ; Jeanne de Piennes n’avait plus de raison de demeurer fidèle à François ; et cette puissance acquise conduisait Henri à la conquête de Jeanne.

On s’explique maintenant que Damville s’empressât de se saisir de Jeanne et de sa fille pour que François ne pût jamais les rencontrer ; on s’explique aussi sa modération relative vis-à-vis de ses prisonnières.

Il voulait un beau jour apparaître à Jeanne et lui dire :

"Je suis immensément riche, je suis le plus puissant du royaume après le roi ; je serai peut-être un jour roi de France, car, en notre temps, le pouvoir appartient aux plus audacieux. Voulez-vous partager cette puissance et cette richesse, en attendant que je place une couronne sur votre tête ? "

Et il ne doutait pas d’éblouir Jeanne de Piennes ?

On comprend donc l’immense intérêt qu’avait Damville à ce que le chevalier de Pardaillan, féal de Montmonrency, croyait-il, ignorât toujours où se trouvaient Jeanne et Loïse.

De là, la nécessité de cacher cette retraite au vieux Pardaillan qui n’hésiterait pas à avertir son fils ! De là, la fureur du maréchal lorsque d’Aspremont lu eut persuadé que le vieux