Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/105

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PRÉLIMINAIRE.


chée avant la nuit, mes Gens préparoient leur Kicheri, (mêlange de lentilles & de ris cuit ſimplement dans l’eau, dans lequel on met enſuite un peu de beurre & de ſel) & le mien ; s’il étoit trop tard, un grand verre de lait, relevé d’un morceau de ſucre noir, faiſoit tout mon ſouper. Je prenois enfuite quaere ou cinq heures dc repos, c’eft-à-dire, depuis dix a onze heures du foir jufqu’a trois ou quatre du matin, ayant toujours le foin de m’endormir le dernier & de me reveiller le premier ; fans cette precaution, j’eus été expofe à être volé, à être abandonne le foir de mes Gens, &l le matin, a partir trop tard. Cette fujettion eft cequi m’a le plus fatigue dans mes Voyages.

Je partis le 18 de Nigan, & paſſai par Balkefchem, ou je ne vis que quelques Chaumieres. Je trouvai la terrepeu cultivee dans les fix cofles qui feparent ccs deux Aldees. Le Pays entre Balkefchem & Bordoiian, eloigne de quatre grandes cofles de ce premier endroit, ne me parut pas en meilleur etat : bcaucoup de Bois & quelques etangs font tout ce qu’on y rencontre.

Bordoüan, Capitale du Canton de ce nom, eſt à une coſſe & demie du Damoddour, bras du Gange que l’on peut pafler a gue, & a. deux Manzels (journées) ou feizc cofles, du Gange qui pafTe a. Schandernagor. Les environs de cette Ville font rians, plantes d’arbrcs : elle eftgrande, fermee, & entouree d’un mauvais fofle. LeFauzdar, Lieutenant du Rajah, refide dans le Fort qui eft fitue a l’Oueft aflez loin de la Ville. Le Rajah du Bordoiian ecoit alors Manikfehen, fous les ordres duquel l’armee du Nababde Bengale avoit pris Kalkuta : il faifoit batir un beau Palais a une portee de fufil au Nord de la Ville. Je paflai la nuit a Bordoiian, fort inquiet de voir une porte fermee fur moi, 8c fans fcavoir a. quelle hcure je pourrois partir le lendemain. II furvint avec cela un orage afFreux qui dura plufieurs heures, de maniere que je nageois dans Teau fous TAngard ou j’ecois couche ; &c j’eus un violent mal de dent qui ne me lailla pas feimer l’œil de la nuit. Le jour diſſipa mes inquiétudes.

Je partis de Bordoüan le 19, & allant toujours dans le