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DISCOURS


Cette réponſe auroit été bonne, ſi le ſecond Alkara eût été préſent. Le ſeul effet qu’elle produiſit, fut que de ſix cents roupies, on rabattit à deux cents. Je refuſai de les payer, parce que je ne les devois pas, & sur tout parce que je ne les avois pas. À ce refus, les Conſeillers ſe conſultent avec le Betha ; leurs regards & l’air inquiet de l’Interprête ne m’annonçoient rien que de ſiniſtre, lorſque je vis arriver en diligence l’Alkara de Rama Pandet. Il avoit marché jour & nuit, prévoyant les difficultés qu’on me feroit aux Tchokis, & en particulier à celui de Pipli. Il apprit à l’entree de l’Aldée l’embarras dans lequel j’etois ; ce qui lui fit hâter le pas : & il étoit ſi éſſoufflé, qu’il n’eut que la force de préſenter ſes Lettres, fans pouvoir preſqu’articuler un mot.

À la lecture de la Lettre du Fauzdar de Barbati, adressée à Ton Betha refident a Pipli, tout changea deface : les Soldats prirent par les epaules le Cotoiial qui fe debattoit en demandant juftice &L le mirent dehors. On me dit enfuite que je pouvois me retirer avec mes Domeftiquesparticuliers, mais que les Cipayes refteroient. Trop heureux de me voir hors d’afFaire j’allois accepter ee parti : leurs cris &c la compaffion me firent hazarder un dernier effort. Je dis au Betha que je ne partirois pas, fans te nombre de perfonnes fpecifiees dans mes Pafleports. L’afFaire fut un peu debattue, & fe termina a ma ſatisfaction. Nous partîmes tous & allâmes préparer notre diner au bout de l’Aldee fous l’arbre oil Ton m’avoit arrete. Avant que de partir je fis prefent a mon Interprete d’un jolicoiiteau, &c au Betha de fix fleches de Bengale qu’il choifit lui-meme dans mon Carquois. II me regala d’un Betel : fes Cavaliers firent devant moi quelques tours de manege, lan^ant leurs javelots en l’air, & : les recevant au galop ; 6c nous nous feparames bons amis.

Il y avoit cinq cents Cavaliers Marattes dans le Fort qui etoit au-dela. de l’etang au bord duquel je m’arrêtai avec ma troupe. Ainfi, pour peu que l’Alkara de Katek eut tarde, cc jour auroit vraiſemblablement été le dernier de ma vie. L’Alkara de Balaflor en fut quitte pour ſe faire frotter le dos avec du Safran, du fel & du beurre, & pour