Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/133

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PRÉLIMINAIRE.


Originaux étoit un préalable néceſſaire ; qu’elle étoit même le ſeul fil qui pût conduire dans le labyrinte d’une Religion diviſée comme celle des Indiens, en quantité de Sectes, & répandue, depuis plus de deux mille ans, dans la plus grande partie de l’Aſie. Un Tartare s’expoſeroit à ne prendre qu’une

    exécuter ce que je viens de vous preſcrire. En attendant que cela foit fait, Vifchnou ſous la figure de l’arbre qui doit ſervir à former le tronc dont je vous ai parlé, croitra & ſe fortifiera.

    Iudro Doumeno après avoir rendu ſes actions de grace à Bramma, s’en fut executer ſes ordres. Il fit bâtir le Temple & la nouvelle Ville. Tout étoit déja fini, & le Dieu ne paroissoit pas. Cela commençoit à lui cauſer de l’inquiétude ; mais peu de jours après, s’étant levé de grand matin, il vit ſur la mer ce tronc d’arbre tant déſiré. Il ſe proſterna par terre, & s’écria dans l’excès de ſa joie : le jour d’aujourd’hui eſt le plus heureux de mes jours. Je comprens à ce moment, & j’ai des preuves certaines que je ſuis né ſous une étoile favorable, que mes actions & mes ſacrifices ont été acceptés, puiſque j’en retire un fruit si précieux, & que je vois de mes yeux celui que les hommes les plus éclairés & les plus vertueux ne peuvent voir. Après quoi le Roi ſe leva & fut au-devant du Dieu. Il fut suivi de cent mille hommes, qui le chargerent ſur leurs épaules & le porterent dans le Temple. Peu de tems après arriva Biſchiokormo, Charpentier de naiſſance, & très-habile dans ſon métier. Il ſe chargea de ſculpter la piéce de bois informe & monſtrueuſe qu’on venoit de mettre dans le Temple, & de lui donner la figure de Khriſchnou : mais il mit une condition ; c’eſt qu’il finiroit l’ouvrage dans une nuit, & que perſonne ne viendroit le voir travailler. Comme il le faiſoit fans bruit, le Roi toujours dans l’inquiétude s’imagina qu’il s’en étoit allé, & fut ſans faire de bruit épier par le trou d’une fenêtre s’il travailloit ou non. Comme il le vit occupé à fon ouvrage, il ſe retira fort content. Biſchiokormo qui l’avoit appercu ſur le champ, ſe retira ſuivant la condition qu’il en avoit faite, & laiſſa l’ouvrage tout informe : de ſorte que le tronc reſta preſque tel qu’il étoit, & qu’on y reconnoiſſoit à peine les premiers traits d’une figure humaine. Le Roi ne laiſſa pas d’en faire ſa Divinité & de lui offrir ſes ſacrifices. Il lui donna même ſa fille en mariage, & la fête en fut célebrée avec toute la ſolemnité poſſible. Voilà quelle eſt l’Hiſtoire de la Ville appelée Pourouſchottomo & du tronc de bois qu’on y adore. Il porte le nom de Zaguarnato, c’eſt à dire de Maître du Monde. Il y a toutes les années un concours de monde infini…

    Dans le Chapitre ſixiéme, qui eſt le dernier du ſeptiéme Livre, Chumontou réfute ce que Biache vient de rapporter par les mêmes conséquences que dans le Chap. IV.

    Dans le Recueil des Lettres édifiantes (T. 12. p. 419 ) le P. Tachard a auſſi parlé d’une poutre de bois rouge, jettée par !a mer ſur le rivage, & qui devint la ſtatue de Jagrenat. Il cite en témoignage la tradition du Pays, explique à ſa maniere le merveilleux dont les Prêtres ſçurent profiter. Mais il eſt difficile d’accorder la vénération que l’on a pour ce Temple dans plus de huit cens lieues de Pays, avec l’évenement tel que le rapporte ce Miſſionnaire ; il falloit qu’avant cela le lieu fût déjà célebre dans l’Inde.

    On peut encore conſulter ſur Jagrenat les Voyages de Tavernier in-4°. T. II. Liv. III. chap. 2, p. 360, 361, & ceux du Cap. Hamilton, vol. 1. ch. XXXI, p. 380-386.