Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/144

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DISCOURS


engourdi l’activité que demandent les opérations de Commerce, ou du moins n’en euſſent pas empêché les effets.

Je vis à Mazulipatam une de ces ſangſuës qui ont abſorbé la ſubftance de la Compagnie. C’étoit un Abbé que l’on diſoit de condition, envoyé dans l’Inde pour quelques fredaines, & qui recevoit par mois (la punition eſt remarquable) mille roupies, comme les Capitaines de l’armée du Dekan. Il étoit alors occupé à faire un Voyage & même l’Hiftoire du Pays. Je m’aviſai de lui demander quelles Langues il ſçavoit & quels Livres il avoit lus. Il me répondit avec ſatisfaction qu’il entendoit un peu le Portugais, ainſi que ſon Dobachi qu’il conſultoit ſur ce qu’il ne ſçavoit pas. J’avois vu à la Côte & dans le Bengale un autre individu d’une eſpece ſinguliere. C’étoit un Prêtre Irlandois, qui ſe diſoit Envoyé du Miniſtre, pour examiner comment les Indiens fabriquent les toiles de coton & les mouſſelines. Le jeu, les femmes & le Commerce particulier l’occuperent uniquement dans les quatre endroits où je le rencontrai, ſçavoir, à Pondichery, à Schandernagor, à Schikakol, & à l’armée de M. de Buſſy.

On me parla à Mazulipatam de la Pagode de Sandol, qui eſt à trois coſſes de Nizampatnam. On voit fur les murs de cette Pagode pluſieurs Inſcriptions en caracteres différens des Telongous, accompagnés de bas-reliefs. Un de ces bas-reliefs repréſente, à ce que l’on me dit, un arbre chargé d’un fruit qui reſſemble à la pomme. Au-devant eſt un homme qui montre de la main l’arbre à une femme. De l’autre côté de la pierre où eſt ce bas-relief, paroît un homme ayant une tête de chien qui monte à un arbre. J’aurois ſouhaité d’aller viſiter cette Pagode : les circonſtances ne me le permirent pas, & je ne pus avoir communication du deſſein que l’on en avoit tiré. Si le Monument eſt tel que je viens de le décrire, la premiere idée qui s’offre a l’eſprit, eſt de prendre ces perſonnages pour Adam & Eve, & l’arbre, pour celui de la ſcience du bien & du mal ; la ſeconde, de reconnoître dans ces bas-reliefs Indra (ou Indro), Dieu des Indiens, qui monte à un arbre pour cueillir une Grenade que ſa femme deſiroit avec paſſion.