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PRÉLIMINAIRE.

Je les obligeai en conſéquence, le 5, de porter mon Palanquin, les ſuivant à pied, le piſtolet à la main ; & nous allâmes ainſi juſqu’à Kowelon. Après avoir marché deux coſſes, nous trouvâmes Karigar, petite Aldée de Pêcheurs, dont les paillottes, faites en cônes, n’avoient au bas qu’une petite ouverture, ou porte de deux pieds de haut. Deux coſſes plus loin, eſt Kowelon, appellé par les Maures Saadat Bander. Cet endroit étoit en 1750 entre les mains des François : il fut pris en 1751, par les Anglois, ou plutôt livré lâchement par le François qui y commandoit. Les Anglois le donnerent enſuite, à la charge d’une redevance de pluſieurs milliers de pagodes, à Mïr Saheb Seigneur Maure qui y réſidoit lorſque j’y paſſai. On voyoit de loin les ruines du Fort bâti par Anaverdikhan ſur le bord de la mer, & démoli par les Anglois.

Je n’étois pas trop en ſureté à Kowelon. Le Cotoüal vint me voir : je lui dis que j’allois de Madras à Sadras ; & me croyant Arménien, il me donna un homme pour me conduir dans ce dernier endroit. Si mes Maquois s’étoient vengé en me découvrant, j’aurois été fort embarraſſé ; car les Tchokis Anglois n’étoient pas loin. Comme j’étois habillé en Maure, je paſſai dans l’Aldée pour un Seigneur Mogol. Je n’étois pourtant pas ſi bien déguiſé, qu’on ne pût aiſément me reconnoître : le P. Ange, Capucin, Miſſionnaire de l’endroit, devina qui j’étois en me voyant paſſer, & m’envoya hors de Kowelon ſon Dobachi, qui m’accompagna juſqu’à Pondichery.

À quelques pas de Kowelon, je voulus mettre mes botines, parce que le ſable me brûloit les pieds ; mais je vis que le Peuple ſe diſoit déja : c’eſt un Feringui. J’avois encore à paſſer une Aldée dépendante des Anglois ; il fallut donc continuer de marcher, les jambes nues, & avec de mauvaiſes ſandales, dans le ſable, dans la boue, au milieu des ronces. À deux grandes coſſes de Kowelon, nous paſsâmes par Karné, petite Aldée aux Anglois ; & une grande coſſe plus loin, nous nous trouvâmes à Mawlipourom, Aldée dépendante de Sadras. Cet endroit eſt célebre par ſes Pagodes, auxquelles on va en Pelerinage de pluſieurs endroits