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ix
PRÉFACE.

les retient long-tems ſous une ſorte de joug, dans une même poſture qu’il est plus facile de saisir & d’exprimer. D’ailleurs il n’est plus question de recueillir des oui-dire ſouvent incertains, de concilier des relations quelquefois opposées, fondées ſur ces oui-dire ; les Auteurs mêmes de ces opinions, de ces religions ont ſoin de les conſigner à la poſtérité en les confiant à leurs ſectateurs, ou du moins ceux-ci, en les développant à leurs disciples.

Il est vrai que l’homme paroît toujours dans ces exposés ſecondaires. Ce qui ſort de ſes mains doit tenir de la foibleſſe de son être. Et de-là l’obligation de recourir aux Ouvrages originaux, d’apprendre les langues dans lesquelles ils ſont écrits, d’en fixer l’époque, de rechercher celle des variétés qu’ils ont ſouffertes, des monuments en pierres ou autres qui en font mention, des peuples dont ils ont fait la Loi : de-là l’obligation de ſuivre les migrations de ces peuples, de connoître exactement les païs où ils se ſont fixés, les noms mêmes des lieux particuliers qu’ils ont habités ; d’observer leur habileté dans les ſciences, dans les arts ; d’étudier leur morale, leur politique. Tout cela mene à la connoiſſance de l’esprit de l’homme, & tient à l’Histoire des opinions, ſur-tout de celles auxquelles, comme je l’ai dit, la religion a imprimé un caractere ſacré.

Partant de ce point, on verra ces opinions causer des changemens dans les langues des peuples chez qui elles ont pris naiſſance, & ces changemens ſe communiquer aux langues des nations que ces peuples ont ſoumis, ou qui les ont ſubjugués eux-mêmes dans des guerres de religion ou d’ambition.