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PRÉLIMINAIRE.

Le Dorbar fini je me retirai chez le Portugais qui m’avoit ſervi d’Interprete, avec permiſſion d’aller où je voudrois dans l’Aldée : mais on avoit eu la précaution de répandre cinquante hommes autour de la maiſon où je couchai, & mes Cipayes conſignés étoient gardés à vue.

Le Gouverneur étoit lui-même fort embarraſſé. Il craignoit de déplaire à Karnik de qui il relevoit, s’il laiſſoit échapper un eſpion : d’un autre côté il appréhendoit de ſe brouiller avec les François, qu’il pouvoit en quatre heures avoir ſur les bras, s’il me retenoit ſans raiſons apparentes. Voici en conſéquence la tournure qu’il donna à cette affaire. Le lendemain 6, il envoya dès cinq heures du matin un Exprès au Commandant de Neliceram, & lui marqua dans ſa Lettre qu’il avoit fait arrêter un ſoldat blanc, accompagné de quatre Cipayes, & qu’il croyoit déſerteur. Pendant la journée on me manda pluſieurs fois du Dorbar : mais crainte de nouvelles difficultés, je refuſai d’y paroître, & remis les Canarins à la réponſe du Commandant de Neliceram.

Ma Paillotte étoit à une portée de fuſil Eſt du Fort : de-là les montagnes me parurent aller du Sud-Eſt au Nord-Eſt. Je voyois de cet endroit le Fort à découvert. Il eſt bati ſur un Promontoire qui domine la mer. La porte eſt à l’Eſt. Il eſt flanqué de treize baſtions ou tours rondes, & peut contenir huit mille hommes. L’Aldée qui eſt à l’Eſt du Fort, placée ſur le côteau & entourée d’un petit mur de terre renfermoit ſept à huit mille chevaux. La garde s’y faiſoit exactement. Le ſoir, ſur les huit heures je vis paſſer de ma Paillotte la ronde, compoſée de ſeize hommes commandés par deux Officiers.

Une heure après, j’eus avec mon hôte une querelle qui pouvoit avoir des ſuites. Le bon Canarin non content du petit préſent que je lui avois fait, comptoit encore me rançonner à ſon aiſe ſur le prix des vivres qu’il me fourniſſoit ; mais comme ma dépenſe étoit fixée, & que je n’y avois pas fait entrer le tems de ma détention à Dekle, je me trouvois alors très à l’étroit. Auſſi, pour me délivrer de cette tyrannie domeſtique traitai-je mon Portu-