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DISCOURS


nos habits, de nos plumets, que de ce qui nous amenoit. Telle eſt ordinairement la conduite que les Princes Aſiatiques tiennent dans leurs Dorbars à l’egard des Étrangers. C’eſt pair ces queſtions ridicules, les lenteurs & les remiſes, qu’ils pénetrent le caractere de l’Ambaſſadeur, les vraies intentions de celui qui l’envoie ; qu’ils devinent le beſoin que l’on a d’eux.

Tandis que nous étions avec le Nabab, les Officiers de ſa Garde vinrent lui faire le Salam ; c’eft une Ceremonie qui fe pratique le matin & le foir. Les Chefs s’avancerent a. la. tete de leurs Compagnies, s’arreterent au bas de la Terraſſe ; & faiſant le Sidjdah, dirent : Omer deraz doulat iadah bafched, c’eſt-à-dire, Vivez long-temps, & très-puiſſant. Enſuite ils défilerent, & furent remplacés par d’autres qui firent le même falut.

À peine étions-nous à quelques pas du Palais, que nous entendîmes un bruit affreux de tymbales, de trompettes, entremêlé de coups de fuſils & de Cailletoques. C’etoit le Nabab qui alloit à la Monnoie : ſon Cortege pouvoit être de quatre mille hommes. Il étoit en Palanquin, ſuivi de plufieurs Eléphans ; & plus de quatre cents Maſſargis à ſept branches éclairoient la marche. Nous mîmes pied à terre, ſelon l’uſage, & continuâmes enſuite notre route.

Nous apprîmes, le 19, que Schandernagor étoit ſerré de près. Alors convaincu par les lenteurs dont j’avois été témoins, que le ſecours du Nabab ne pourroit pas arriver à tems, je partis le 20 pour me rendre dans la Place.

La premiere journée, je fis ſeize Coſſes à pied, ſuivi de deux Domeſtiques. Leur attachement pour moi ne put tenir contre la fatigue d’une marche où nous n’avions mangé que quelques petits concombres ; ils me quitterent fur le bord du Gange. L’embarras fut alors de continuer ma route je pris le parti de faire le reſte par eau, & louai en conſéquence un petit Ballon a moitié couvert, dans lequel j’arrivai le 23 à onze heures du matin, à la vûë de Schandernagor. Je m’étois habillé en Maur, pour n’être pas reconnu. Je ſouffris beaucoup pendant ces deux jours du froid & du chaud„ ne mangeant avec mes Maquois qu’un peu de riz &