Page:Zola - Fécondité.djvu/157

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III


Quelques jours plus tard, comme Mathieu s’était oublié un matin près de sa femme, et qu’il se hâtait de se rendre à son bureau, vers neuf heures, en traversant le petit jardin qui séparait le pavillon de la cour de l’usine, il s’y rencontra avec Constance et Maurice, habillés de fourrures, sortant à pied pour une promenade, dans l’air glacé de la belle matinée d’hiver.

Beauchêne, qui les accompagnait jusqu’à la grille, nu-tête, toujours solide et vainqueur, cria gaiement :

— Et fais-le-moi marcher rondement, ce petit bonhomme ! Qu’il respire le grand air ! Il n’y a que ça et la soupe pour faire un homme !

Mathieu s’était arrêté.

— Est-ce qu’il a été de nouveau souffrant ?

— Oh ! non, s’empressa de répondre la mère, très gaie elle aussi, peut-être par un besoin inconscient de se cacher certaines craintes. Seulement le docteur veut qu’il prenne de l’exercice, et le ciel est si beau, ce matin, que nous partons en expédition. C’est amusant ce grand froid.

— Ne prenez pas les quais, cria encore Beauchêne, remontez vers les Invalides… Ah ! il en verra bien d’autres, quand il sera soldat !

Et, lorsque, la mère et l’enfant partis, il rentra dans l’usine avec Mathieu, il ajouta de son air de certitude triomphante, en s’adressant à ce dernier :